Jérome Tranchant

Rebecca Zlotowski est en train de devenir une reine du mélodrame français. Après Grand central et une fille facile, elle revient en forme avec un sujet chaleureux. Une femme tombe amoureuse d'un homme qui a une petite fille. Virginie Effira interprète la femme avec une rare subtilité. Le long métrage parle de la relation entre la belle-mère et l'enfant. Quel est son rôle ? Où est sa place ? Mais la réalisatrice évite le film "dossier de l'écran " pour raconter toutes les émotions de son héroïne : la joie, l'angoisse, la tristesse et la déception. Les autres acteurs du film sont au diapason. En voyant certaines images du film, j'ai pensé à Sautet et Truffaut. Sur une même histoire, ils auraient sûrement mis des cris, des pleurs et de la colère. Rebecca Zlotowski a décidé de choisir la simplicité.

Adèle veut sauter d'un pont. Elle en a marre de tomber sur des hommes qui ne pensent qu'à faire des galipettes avec elle. Un certain Gabor tente de la dissuader de faire une bêtise. Elle saute dans l'eau. Il l'a rejoint. Ils se sauvent mutuellement. Gabor propose à Adèle de devenir son assistante. Il est lanceur de couteaux. Patrice Leconte a réalisé plusieurs films en état de grâce. Il y a d'abord eu "Tandem", ensuite "monsieur hire "et " le mari de la coiffeuse ". La fille sur le pont est le dernier film en état de grâce. Il ne retrouveras jamais cette émotion. Son long métrage est en noir et blanc. Il est aussi en scope. Le film débute par un monologue en plan fixe sur Vanessa Paradis. Ça commence fort car elle est un mélange de vulnérabilité, de naïveté et de poésie. La fille sur le pont possède le charme du cinéma de Carné. Mais Leconte peut être lyrique. Dans deux scène, il arrive à me donner la chair de poule. Ce sont deux scènes entre Gabor et Adèle. Ce sont deux scènes où Gabor lance ses couteaux sur Adèle. Ses moments sont tournés comme des scènes d'amour. Leconte a choisi le noir et blanc et le scope mais il a choisi une chanson qui enjolive le tout. Il s'agit de la chanson de fin de la cité des enfants perdus de Caro et Jeunet. Angelo Bandalamenti est à la composition, Marianne Faithfull au chant. Il y a une vraie symbiose entre tous ses éléments. C'est juste parfait, de la grâce. Et puis le lanceur de couteaux est interprété par un Daniel Auteuil au sommet de son art. Une merveille. VU EN DVD

Disons le de suite, le film n'est pas exempt de défauts. Les acteurs ne sont pas top, le scénario n'est pas d'une grande originalité et parfois ça traîne en longueur. Mais ce Rape and revenge a la sauce Meetoo est tellement venere que l'on peut oublier ses défauts. C'est un long métrage réalisé avec les tripes et le coeur. Coralie Fargeat connais sa mythologie du cinéma, elle l'injecte dans la plupart de ses plans. Elle possède un esthétique assez proche du Tony Scott. La réalisatrice arrive à nous transmettre sa rage. Dans un univers de cinéma lisse, voir un tel film, ça fait du bien.

Un marquis désargenté est confronté dans sa région à la fièvre des marais. Il décide de plaider sa cause à la cour royale. Il part sur Versailles. Il va se retrouver face une administration qui s'en fout. Après avoir été dévalisé, le marquis se réfugie chez un noble généreux et compréhensif. Le marquis va découvrir lors d'une fête que " le bel esprit " peut lui ouvrir des portes. En revoyant "ridicule " de Patrice Leconte, je me suis rendu compte de la modernité de l'écriture de ce long métrage. En nous parlant des dernières années avant la révolution française, Ridicule nous renvoie à la gueule notre propre époque . Ridicule est un vrai classique du cinéma français. Ce long métrage possède un scénario d'une grande intelligence. Les acteurs sont tous formidables. L'image est belle. Il n'y a pas une once de gras. Le film aurait pu être académique. Leconte réalise son film historique comme un thriller. Il y a des tas de scènes d'anthologie comme la première. Et comme tout bon classique, ce film est toujours plaisant à voir et revoir.

Marin est un poisson clown. Il a un fils Nemo. Nemo est le seul survivant de toute sa famille. Marin est un inquiet. Nemo doit attaquer l'école malgré les craintes de son père. Il va tomber sur un plongeur qui va le ramener dans son cabinet de dentiste pour le mettre dans un aquarium. Marin part à la recherche de son fils à l'aide de Dory. Faut être le monde de Némo est une pure merveille. Ça commence par une scène terrible, le ton est donné. Le monde de Némo malgré sa bonhomie est un film inquiet sur la paternité. L'animation est d'une belle fluidité. C'est plein de rebondissements et de péripéties. Je lâche le mot : Chef-d'oeuvre. VU EN DVD

Est-ce que l'on peut toujours revoir la cage aux folles aujourd'hui ? La réponse est mille fois oui. Tout est léger dans ce film signé Edouard Molinaro. Il n'y a jamais de blagues vaseuses où graveleuses. Le scénario signé Veber et Poiret est un modèle du genre. Les dialogues sont savoureux. Michel Serrault prouve qu'il était un génie. Il arrive à être touchant, drôle et émouvant dans la même scène. Ugo Tognazzi est un partenaire de choix, il possédait une classe incroyable. Le seul défaut est l'interprétation de Michel Galabru, car il essaie d'être tout le temps drôle alors que le rôle ne l'exige pas. Et puis, la musique de Morricone ajoute du charme à ce modèle d'intelligence.

En fin d'année 2021 sortait ce bijou en salle. Je me mort les doigts de l'avoir raté. Pendant la vision de ce long métrage, je n'ai cessé d'être ballotté par d'émotions diverses. Paul Schrader nous parle poker pour parler de psychologie. Le film a été vendue comme une histoire vengeance. Avec le scénariste de Taxi driver et le réalisateur c'est plus compliqué que ça. On suit le personnage joué par Oscar Isaac de casino en casino. On pourrait penser au "samouraï " de Melville avec cet antihéros solitaire mais en plus cynique. L'epure de la mise en scène fait merveille pour parfois toucher à l'expérimentation sans perdre le spectateur. Les chansons qui parsèment le métrage sont en adéquation avec ce qui passe sur l'écran. Paul Schrader nous offre un film magnifique et rare.

Parfois, par masochisme, je lance un film pour regarder un pur navet. Ce fût le cas pour ce long métrage. Je devais être bien luné où bien j'avais le moral dans les chaussettes mais je n'ai pas détesté. C'est très culcul. C'est mielleux à souhait. Mais j'ai trouvé ça charmant. Les deux protagonistes sont pour beaucoup dans le plaisir que j'ai pris. En plus la photo est pas mal. Ne me jugez pas 🤣😁 A VOIR SUR NETFLIX

Dans les années 60, banlieue pavillonnaire de Los Angeles, Georges se lève en sachant que ce sera son dernier jour de vie. Depuis la mort de son compagnon dans un accident de voiture, il ne supporte plus de vivre. Avec son amoureux, ils ont vécu 16 ans dans le bonheur. Georges est professeur de littérature à l'université. Après les cours, il a rendez-vous avec son amie Charley. Et ensuite, il en finira. Mais ce n'est peut-être pas si simple. A single man est le premier film du créateur de mode, Tom Ford. Et bien évidemment, esthétiquement, c'est d'une beauté à couper le souffle. La photo est juste sublime. Mais ce n'est pas beau pour être beau, l'image a un réel impact sur la narration. Il y a la couleur du réel, elle est un peu terne. Il y a la couleur des émotions, on retrouve le technicolor des années 50 où 60, l'image est chaleureuse. Et puis, il y a le noir et blanc des flashbacks, elle a la beauté des magazines de ces années là. Comme, il y a un esthète derrière la caméra, la bande originale est à tomber par terre. Mais le film ne serait rien sans l'interprétation de Colin Firth, il est absolument remarquable comme le reste du casting. A single man n'aurait pu être qu'un plaisir esthétique mais le film est aussi très émouvant. Une vraie réussite. VU EN BLU-RAY

La femme d'un grand patron du cac 40 est retrouvée morte sous des poubelles dans un quartier populaire de la région parisienne. Deux policiers aux méthodes différentes vont devoir collaborer ensemble pour trouver le coupable. De l'autre côté du périph fonctionne si vous avez de la sympathie pour les deux acteurs principaux. C'est le cas pour moi. Omar sy est un acteur chaleureux, charismatique avec beaucoup d'humour. Face à lui, il y a Laurent Laffite, acteur extrêmement drôle qui n'a peur de rien. Le duo est au diapason dans ce Buddy movies. On ri, il y a de l'action et sa casse du bourgeois. Ça me suffit amplement.