*Kukum* est un roman puissant et émouvant qui raconte l’histoire de la grand-mère de l’auteur, Almanda Siméon, une femme innue. Ce récit est une réflexion intime et historique sur les effets de la colonisation, en particulier la perte de terres et de culture au sein de la communauté innue du Québec. Almanda, qui raconte son histoire, nous guide à travers sa vie marquée par l’amour de la terre et des traditions, mais aussi par les souffrances imposées par les changements sociaux, comme la sédentarisation forcée et l'industrialisation.
Michel Jean, par une écriture fluide et poignante, capte la complexité de la vie d’Almanda, tout en abordant des thèmes profonds comme la perte de la langue, les effets des écoles résidentielles et la rupture avec les modes de vie traditionnels. La narration, qui prend souvent des airs de mémoire, plonge les lecteurs dans un monde révolu, celui des Innu avant que les grandes forces économiques et politiques ne viennent bouleverser leur existence.
Ce qui fait la force du roman, c'est sa capacité à marier l’histoire personnelle d'Almanda avec une fresque historique plus vaste, celle des communautés autochtones au Québec. Jean ne se contente pas de raconter un simple récit d’amour et de perte ; il éclaire un passé qui continue d’influencer la réalité contemporaine des peuples autochtones. Ce mélange de fiction et de témoignage historique fait de *Kukum* un ouvrage nécessaire pour mieux comprendre les injustices vécues par ces communautés.
Le seul reproche que l’on pourrait faire au livre est peut-être son rythme, parfois lent, qui pourrait décourager ceux en quête d’une narration plus dynamique. Cependant, cela ne diminue en rien la profondeur émotionnelle et sociale de l’œuvre. En conclusion, *Kukum* est un roman essentiel, riche en émotion et en réflexion, qui touche un large éventail de lecteurs intéressés par les histoires des peuples autochtones et la mémoire collective.