Oui un livre très intéressant qui élève le supermarché au rang de thème littéraire reflet de la société de consommation et de la culture de masse. Elle en fait presque un lieu de tous les possibles, un non-lieu hors du temps où se côtoient toutes les catégories de personnes (âge, classe, culture) où l’on se découvre et où l’on s’observe et surtout où les minorités invisibles deviennent visibles.
Il y a beaucoup de simplicité et de poésie également dans ces fragments de vies du quotidien. Le supermarché lieu aussi féminin qui n’intéresse pas les grandes plumes ? Une extension du domaine féminin où la femme à la casserole est dévolue aux courses domestiques ? Annie Ernaux y apprécie le spectacle de la foule et la présence des autres. Elle y trouve avec un peu de honte un refuge confortable compte tenu l’isolement moderne des individus. De même que le supermarché a remplacé l’épicerie odorante de son enfance, elle assiste avec mélancolie à la disparition des caissières, l’arrivée des pistolets autrement dit du self-scanning et le nouveau titan après les géants, le e-commerce !