Par Cédric Lépine (Mediapart)
Toujours très inspiré à revisiter de manière inattendue un siècle d'histoire du cinéma hollywoodien, Jean-Philippe Costes après Les Subversifs hollywoodiens (Liber, 2015) et La Sagesse du septième art (Liber, 2019) se concentre sur une star de l'âge d'or de cette industrie pour révéler la complexité d'un message subversif derrière l'apparence du respect d'un code puritain, celui en l'occurrence du Code Hays. L'auteur met en scène son récit sous la forme d'une adresse continu avec Cary Grant lui-même pour mieux interroger ce que l'acteur a malicieusement caché dans les interstices de ses personnages avec une touche ludique jamais gratuite. Tout commence par une fascination pour le personnages joués dans divers films avant découvrir de l'enfant en manque d'affection et de présence parentale et ce que signifient ses mariages et divorces répétés.
Jean-Philippe Costes joue avec les différentes figures de l'homme et de l'acteur pour mieux comprendre la logique qui se construit entre les deux. De la fausse à hagiographie au vrai questionnement critique, l'auteur propose une fascinante épopée dans la vie d'un acteur tout en se connectant avec les contextes à la fois de la société et des rapports de force au sein de l'industrie hollywoodienne. Il en résulte un portrait particulièrement complexe d'un acteur qui a beaucoup laissé de lui-même dans chacun de ses personnages, en étroitement collaboration avec les cinéastes qui ont su accompagner sa singularité.