Cet avis sera purement subjectif, étant un grand fan de l'univers du Joker, dont d'ailleurs l'aspect insaisissable est le fondement. J'ai bien aimé ce deuxième volet. Cependant je n'ai pas l'impression que Todd Philips se soit si renouvelé que cela. On invoque la comédie musicale, mais le premier contenait déjà le germe de ce genre. J'ai même eu parfois l'impression de revoir des scènes du premier, le rire inextinguible et malade de joker en premier. De ce point de vue-là le film joue à merveille la carte de la suite. Évacuons la question de la comédie musicale. Oui c'est vachement culotté, mais ce n'est pas révolutionnaire quand même. Tralala des frères Larrieu est mille fois plus réussi de ce point de vue-là , même univers qui peut être crasseux mais chanté par des perdus de la vie. Avec la même voix éraillée, qu'on reproche à Lady Gaga d'avoir surjouée. Oui elle chante dans son souffle et elle tâche de ne pas trop écraser Joachim Phoenix - qui a une voix extraordinaire je trouve - mais c'est tellement judicieux ! Quand Joker chante "Ne me quitte pas" en anglais, au téléphone - clin d'œil à Telephone de Lady Gaga ? - quelle scène magnifique ! C'est la quintessence même du film - je m'enflamme c'est vrai. C'est un film carcéral qui se transforme en film de procès, c'est un hybride comme on les aime, qui n'hésite pas à prendre le spectateur par surprise. Les scènes dansées et chantées sont des rêves qui virent au cauchemar et qui révèlent les vrais mobiles des personnages, y compris ceux du gardien de prison. Gardien de prison assez bien interprété par Brendan Gleesson, peut-être pas assez utilisé. Le film de procès, quant à lui, n'est pas assez développé. Au fond c'est peut-être ça le problème du film, effleurer beaucoup de genres, de thèmes, aborder pas mal de personnages, dans un souci sincère d'originalité , mais en nous laissant sur notre faim. Sans forcément que cela soit voulu me semble-t-il. Parlons de la fin. Attention spoiler, mais si vous êtes arrivés au bout de cette critique c'est que vous avez peut-être vu le film. Et si finalement Todd Philips nous faisait un pied de nez en nous disant que ce film n'est pas un film sur le Joker de l'univers DC comics mais une sorte d'origin movie transgressif et éminemment personnel, le vrai Joker se révélant à la fin, celui-là même qu'on verra chez Christopher Nolan par exemple, balafré de ce sourire diabolique et sanguin. Et si finalement Todd Philips n'avait pas fait un film estampillé officiellement Joker, mais un film sur un personnage à la fois touchant et terrifiant, un one shot incarné par l'excellent Joachim Phoenix, un monsieur tout le monde passé à la moulinette de la société et porté aux nues par des assassins en devenir, les vrais jokers Némésis de Batman... loin du film de super-héros, ou de super-méchant, il faudrait revoir le premier volet comme ce qu'il est, un hommage au Nouvel Hollywood qui dresse le portrait symptomatique d'un homme anodin transformé en légende par le star system, star system qu'on alimente en regardant ces films de saga ad nauseam - très belle mise en abyme avec ce fameux téléfilm dont on parle pendant tout le film...