Incroyable Ridley Scott ! C'était une gageure de vouloir donner une suite à un film aussi parfait que le premier "Gladiator" dont l'histoire se suffisait à elle-même. Et surtout, il y avait de quoi craindre le pire de Sir Scott après son très mauvaise "Napoléon" (regardez plutôt le film... russe "Waterloo" avec Rod Steiger dans le rôle du célèbre empereur. Il n'y a pas photo !), alors qu'il a consacré plus d'années à préparer ce dernier que "Gladiator II". La surprise n'en est que plus belle. Sans atteindre la puissance émotionnelle - à laquelle contribuent beaucoup l'interprétation exceptionelle de Russel Crowe et l'inoubliable musique de Hans Zimmer - du premier film, cette suite réussit l'exploit de faire presque aussi bien. Certes, Paul Mescal est très impressionnant et l'empathie qu'il dégage emportent l'adhésion du public, mais il se fait voler la vedette un peu par Pedro Pascal, dont le sort injuste en frustera plus d'un, et beaucoup par Denzel Washington, qui prend visiblement son pied dans un rôle inhabituel, osant même quelques grimaces et un cabotinage mesuré (on "sent" que Ridley Scott l'a laissé faire à sa guise) qui font tout le sel de son personnage. Bravo, en tout cas, pour ce casting. Quant aux séquences d'action, Ridley Scott prouve qu'à 84 ans, il est toujours l'un des meilleurs en la matière : la photographie est évidemment sublime, les décors à couper le souffle (outre le Colisée, Rome, plus belle encore, est davantage montrée que dans le premier film), et le montage des scènes d'action permet de les rendre à la fois nerveuses et suffisamment lisibles. Mention spéciale à la bataille qui ouvre le film : la création en images de synthèse des (nombreux) navires romains est à ce point parfaite qu'on croirait ces vaisseaux réels ! Quants aux animaux, ils sont aussi bluffants de réalisme. On peut juste reprocher - comme souvent - à Ridley Scott de prendre certaines libertés (en plus de certaind anachronismes) avec l'Histoire et, surtout, d'insérer dans son film de très grossières erreurs. Passe encore que l'empereur romain (ils sont 2, dans ce cas-ci) baisse le pouce pour laisser la vie sauve à un gladiateur, car c'est un cliché hollywoodien qui ne choque plus les historiens. Passe encore que 2 personnages principaux discutent dans ce qui ressemble fort à ... un "bistrot antique". Mais faire dire que la bataille de Salamine, le 2ème combat sous la forme d'une naumachie, opposa les Troyens (?!) aux Perses et montrer des boucliers décorés avec le célèbre Lambda spartiate (?!!) sur le navire grec relève d'un manque flagrant de connaissance historique, sans parler des requins qui sillonnent l'eau et dont on se demande comment ils ont pu y être introduits !!! Regrettables, ces fantaisies dont Ridley Scott est coutumier, sans quoi ce "Gladiator II" serait encore meilleur. Il n'empêche : l'histoire se veut un prolongement à la fois crédible et astucieux de la première, et les quelques séquences flash backs ou de transition sont parfaitement intégrées. Un "Gladiator III" est envisagé (si celui-ci emporte bien sûr l'adhésion d'un public suffisant) et je me demande déjà comment Sir Scott va réussir à nous surprendre une 2ème fois ! Avec "force et honneur", j'espère...