Du mouvement et des dialogues brillants, sans cela pas de comédie réussie. Mais il y faut aussi autre chose, de la "folie", du "délire", du "dérangement", de l'extravagance, du "too much". On a tout ça dans "Le retour du héros", avec un duel/duo épatant (comme aurait dit Jean Dutourd) qui nous coupe tous les circuits critiques de l'esprit et nous fait marcher derrière lui avec la docilité des petits enfants qui suivent le joueur de flûte du conte de Grimm.
Cette "tragédie de l'homme dérisoire" (Ionesco) nous fait rire parce que si le tragique est un état d'âme, le comique évite ce patinage intérieur, il court, il surfe, il slalome, il est ACTIF. Qu'est-ce que le tragique sinon du comique qui se retient, alors que le comique est du tragique qui ne se prends pas au sérieux. Lâchant ses chevaux, il a besoin d'accessoires, de couleurs, d'écharpes, de panaches, de bric-à -brac, de tableaux multipliés, de zébrures, alors que le tragique, c'est la nudité de l'humus en noir et blanc. Ce qui me rappelle une définition juste et drôle que Jean-Marie Gourio avait recueillie dans ses "Brèves de comptoir: "La tragédie c'est dans l'homme, t'as pas besoin de décors, alors que la comédie c'est mieux avec les meubles".