Un peu surprise par les critiques négatives de Joker 2. On dirait que les gens s'attendaient encore à voir Batman. Pour moi, le film est une réussite, en grande partie grâce à la performance époustouflante de Joaquin Phoenix. Son interprétation est intense, il chante et danse avec une aisance inattendue. Il y joue deux rôles, deux personnages foncièrement différents.
Si d'aucuns jugent que les séquences musicales sont superflues, en réalité dans ce cas précis, elles apportent une profondeur aux tourments psychiatriques des protagonistes en permettant une introspection que le dialogue seul ne pourrait pas transmettre ; elles offrent une extension des états mentaux des personnages. Les chansons sont intelligemment choisies et c'était le seul moyen, à mon sens, d'illustrer les émotions des personnages sans tomber dans le "déjà vu".
La double personnalité d'Arthur Fleck soulève une question essentielle car si elle est reconnue, il pourrait être jugé irresponsable de ses actes. En se défendant lui-même, en étant son propre avocat, il incarne justement cette lutte entre son identité flébile et son alter ego, le fameux Joker. Et c'est jusqu'au bout qu'on se pose la question : "Alors ? Trouble dissociatif de l'identité ou pas ?"
Il faut aussi reconnaître le courage du réalisateur Todd Phillips. Beaucoup le critiquent pour avoir pris des risques, mais c'est justement cette audace qui m'a plue. Avant d'aller au ciné, je m'étais assoupie comme un bébé goulu et une fois au cinoche devant le Phoenix, je n'avais plus besoin de lutter contre l'ensommeillement tant c'était prenant (nonobstant quelques passages un peu longs). Ce film est un outil pour voyager dans le sombre, l'injustice, l'horreur et l'inconnu au point de nous faire songer que, parfois, la peine de mort, c'est la liberté ou plutôt la libération la plus idoine quand tout ce qui fait ta prison, ton tourment, ta souffrance, c'est ton surtout esprit.