On a bien tort de considérer ce film comme inabouti. Surtout lorsqu'on constate, une décennie après sa sortie, à quel point l'atmosphère au sein des secteurs de la finance est devenue délétère et cause chez certains de ses cadres des dégâts irréversibles. En 2011, le mal, certes, était déjà fait depuis un certain temps sans que personne au sein des responsables ne le relève comme une faute irréparable. "De bon matin" est un grand film. Et Jean-Pierre Daroussin y signe l'une de ses prestations d'acteur les plus achevées. "De bon matin" met à nu à la fois l'aliénation et la lâcheté des femmes et hommes de l'entreprise qui, bien qu'atteints quotidiennement dans leur dignité, n'osent pas se rebeller de peur d'une sanction inévitable. "De bon matin" arrache le masque du capitalisme d'aujourd'hui. Révèle sa marcescence en même temps que notre lâcheté universelle.