Annette c’est un opéra, c’est une histoire qui peut paraître sombre, alors qu’en fait, elle reflète très bien la réalité dans laquelle nous vivons, dans laquelle cette société qui accepte de se faire humilier par un type méchant, odieux, cette société qui ris même de cette humiliation qu’elle redemande. Cette histoire reflète très bien aussi les dégâts de la presse people, à laquelle nombre de « stars » ne refusent rien tout en donnant l’impression du contraire. C’est aussi une réflexion sur la confrontation entre le divertissement et l’art lyrique, deux disciplines aux antipodes. Et le fossé qui sépare les personnes du fait de la confrontation entre ces deux disciplines. Cette jalousie stupide, cette haine qui monte, toujours quasiment du côté du tenant du divertissement. Et cette métaphore sur la condition enfantine, dont je ne dirais pas plus pour ne pas spoiler la fin, qui vient tout expliquer avec un brio, une beauté, une intensité qui fait venir les larmes. Cette idée du bébé c’est du génie. Car elle reflète la réalité de nombre d’enfants aujourd’hui, que l’on désire et que l’on considère comme des objets, avant de s’étonner un jour de se prendre le retour de bâton. Ce conflit intérieur qui conduit l’homme au pire. Il y a tant de thématiques dans cette œuvre. Oui, c’est particulier, mais Carax a toujours fait du cinéma particulier, ce n’est pas celui qui va faire le film du samedi soir, non, Carax est un artiste à part entière et cette œuvre qui donne dans le baroque, dans le surréalisme, c’est un hommage à sa fille Nastya que l’on voit au début du film avec lui, et c’est un hommage à sa dame et mère de sa fille, l’immense actrice Katerina Golubeva. La musique est parfaite. Le casting est parfait. Visuellement c’est somptueux. Cette œuvre c’est de l’art. Il n’y a rien de pédant a dire que l’on apprécie cette œuvre d’art, seuls es les imbéciles pensent ainsi. Annette n’est pas pour tout public,´comme toute la filmographie de Carax. Pour ma part, j’ai vu une œuvre d’art, que je veux déjà revoir.