C'est un film superbe. Un grand film. Du grand cinéma. J'ai hésité à mettre cinq étoiles, trouvant que quatre était déjà un bon chiffre ; puis, à quoi bon chichiter me suis-je dis : va pour cinq étoiles.
Pourtant, je ne suis pas très porté habituellement sur le romantisme-cliché. J’abhorre, d'habitude, le sirupeux, les dégoulinades sentimentales.
Oui, mais Jane Campion, portée sur les passions humaines, notamment la passion amoureuse, sait déjouer les pièges de "sa matière favorite". Elle la sublime cette matière. Elle la porte à incandescence. Elle n'est pas Bergman - bien plus âpre. Et cependant elle sait émouvoir sans abêtir.
En fait, de tous les films que j'ai vus d'elle (je n'ai évidemment pas tout vu de Jane Campion), je ne reconnais qu'un seul défaut (majeur selon moi) : la musique dans "La Leçon de piano" (très beau film au demeurant). Oui, la musique de ce film-là , pour le coup, est un "cliché sentimental" que je trouve écœurant (le cliché) - et écœurante la musique. Qui a fait un tabac en son temps. Que ma fille et mes nièces jouaient sempiternellement au piano. Qui me tapait sur les nerfs à force. Et qui, quand j'ai l'occasion de revoir "La Leçon de piano" (le film), me fait hésiter à le regarder de nouveau. Et puis... je suis emporté par le cinéma de Jane Campion. Et lui pardonne cette faiblesse (du moins à mes yeux, à mes oreilles plutôt : une faiblesse).