La série le seigneur des anneaux est emplie de cette nostalgie crasse qui fait tant le sel d'un Hollywood décadent. On ne peut pas attendre d'une multinationale une volonté artistique, quand son intention première est d'abord mercantile. Peter Jackson a passé vingt ans de sa vie pour façonner ce qui reste la bible cinématographique du monde de Tolkien. En regardant ces images, on est partagé entre le plaisir coupable de retrouver un peu de la saveur d'un monde disparu et le poids des incohérences. Signalons le faux raccord qui nous fait côtoyer, au second plan, la vue d'un viaduc moderne laissé là par la maladresse du fan service, avec le royaume féérique des nains. Il y aussi ces toasts amers agrémentés avec la marmelade des intérêts commerciaux et politiques. L'ensemble reste beau, plutôt bien joué mais qu'on est loin du Graal ! Au fond, cette série ressemble à une commémoration, un cosplay ambitieux qui à renfort de costumes et d'oriflammes cherche à ressusciter le passé. Une quête du Graal vaine et avortée. L'abondance étant l'ennemi du bien, l'idéal aurait été de réduire le matériel de base pour se concentrer sur l'essentiel : Sauron. Il aurait pu alors devenir le Anakin tolkienien, nous invitant à l'aimer pour mieux le détester. Mais monsieur Bezos ayant besoin de rentrer dans ses frais, autant étaler la tartine avec des fioritures inutiles. Il restera un show à l'américaine qui fait le job, sans renverser comme promis les montagnes.