On aurait dû plutôt l’intituler « Harley Quinn », car le film est essentiellement tourné autour de ce personnage au détriment du Joker. On aurait aussi pu l’appeler Harley Gaga, car la chanteuse occupe toute la place avec ses shows de music hall (rappelons que le Joker est un clown raté, rien à voir avec la comédie musicale). Rien ne va, dans ce film qui gâche complètement le premier opus.
On oublie l’ambivalence du Joker qui est méchant et triste mais qui est à l’image de la réalité sordide dans laquelle il s’est élevé : non, là on revient à une bonne vieille morale manichéenne américaine, bien hypocrite, dans laquelle Joker n’existe pas, la folie non plus, où règne le bien et le mal sans zone grise et où le méchant mérite la peine de mort, fait poliment son mea culpa et retourne bien sagement dans le monde souterrain d’où il ne ressort surtout pas.
Et puis ces chansons en permanence… au secours ! On est en plein spectacle de Broadway ! Beurk, rien a faire ici : on parle de folie bon sang, pas de spectacle musical !
En bref : Lady Gaga tue toute ambivalence magnifique d’un Joker pourtant tellement vrai, et nous sert un indigeste dessert de morale ou chacun in fine reste à sa place. Les producteurs américains en ont fait trop, encore une fois : on attendait une pâtisse subtile et on nous sert un gâteau de mariage meringué avec une multicouche de beurre sucré enrobé d’une coque de pâte d’amande.
Ça m’a coupé l’appétit. Le premier opus avec seulement Roaquim Phénix reste inégalable.