Le mot d’ordre serait « authentique » : cette série témoigne d’une authenticité nonpareille ! Et pourtant on y parle de monarchie, ce n’est donc pas le premier qualificatif qui nous vient à l’esprit. On y parle des droits que la monarchie confère, des droits que la monarchie ampute. Cette dernière contrôle et ment : elle a une image à entretenir, une réputation à préserver, un avenir à assurer. Elle est ainsi source de dilemme pour le protagoniste et incarne de fait l’opposition traditionnel entre coeur et raison, liberté et devoir.
On y parle de relations lgbtq+, qui sont malheureusement trop souvent (légèrement ou grossièrement) stéréotypées (à travers leur sexualité ou leur comportement) dans les sphères culturelles et artistiques. Être représenté, c’est bien, mais être authentiquement représenté, c’est ça l’important finalement. Young Royals nous offre ici un récit loin du « too much » perpétuel et fastidieux auquel de nombreuses séries lgbtq+ nous ont habituées.
De surcroît, la série s’attache à mettre en relief la pression de la société à verbaliser sa sexualité (lorsqu’elle est autre qu’hétéro) et met ainsi l’accent sur le choix totalement légitime de ne pas se « label ».
En outre, Young Royals traite de divers sujets tel que : le sentiment de ne pas rentrer dans les cases, de ne pas vouloir rentrer dans ces cases, ou au contraire, pour certains, de désespérément le vouloir… en bref, de l’inclusion ; la recherche et la compréhension de son identité (pas que sexuelle!) ; le statut social ; l’estime de soi ; la confiance en soi ; la jalousie ; l’anxiété ; l’abandon ; l’addiction ; le deuil… La série propose une réflexion sur le tiraillement entre ce que l’on est, ce que l’on voudrait être et ce que les autres voudraient que l’on soit.
Cette première saison dépeint clairement l’enjeu principal de la série et met parfaitement en place toutes les pièces nécessaires à une introspection et une exploration plus profonde des personnages dans la saison 2.
Par ailleurs, Young Royals fait l’objet d’une production spontanée et sincère, pleine de tendresse. Il s’agit d’une série touchante, captivante et envoutante.
La mise en scène épouse à la perfection les émotions des personnages (au passage, un grand bravo aux acteurs dont leur performance est tout purement épatante). Certaines scènes sont délicieusement hypnotisantes, d’autres amèrement déchirantes ; on les savoure ! On assise à de purs moments de grâce, subtiles, exposant une intimité saisissante.
Les paroles sont continuellement trahies par un langage non-verbal particulièrement éloquent et poignant : silences, regards, gestes, respirations… Ces instants restent gravés dans nos esprits et constituent des moments forts de la série.
Toutefois, les dialogues n’en restent pas moins intenses et certaines répliques font l’effet d’un vrai coup de poignard dont il faudra un certain temps pour se remettre.
In fine, Young Royals apporte une justesse à la douleur des personnages et traduit des choses complexes avec un langage authentique et clair, pour un résultat à la fois émouvant, palpitant et déchirant !