Doctor Strange in the Multiverse of Madness démarre sur les chapeaux de roue et rassure en une séquence les spectateurs désireux de voir des monstres, des sorts, des combats et de la folie. Ce qui surprendra le plus les vieux fans du réalisateur est de retrouver sa signature visuelle telle qu’on l’a connu dans ses premiers films. Plans déformés et cadrages tarabiscotés se fraient un (modeste) chemin dans ce déluge numérique (parfois perfectible sur les silhouettes humaines), aboutissant ainsi à un œuvre répondant certes aux critères obligés des productions Marvel tout en la plongeant dans un bain gluant et sombre dont on ne sait jamais comment elle ressortira de cette expérience !
Le résultat est ébouriffant : comme pour le réussi Spider-Man No Way Home, on embarque dans un gigantesque manège (ou plutôt un train fantôme pour le coup !) qui nous fera passer par un tout un tas d’incroyables péripéties dans des univers parallèles. Le principe du multivers est ici exploité à son maximum à travers notamment quelques séquences ahurissantes d’inventivité visuelle. Doctor Strange in the Multiverse of Madness est d’ailleurs de ce point de vue une des plus belles réussite de l’écurie Marvel Studios, le fait d’avoir choisi un réalisateur chevronné y étant sans doute pour beaucoup.
Si vous avez eu la chance de visionner l’étrange et déroutante série WandaVision, vous serez ravis de retrouver la suite incorporée dans ce long-métrage. Encore une fois, la Sorcière Rouge se montre comme le personnage le plus fascinant et complexe de l’univers Marvel grâce à une excellente composition de l’actrice Elizabeth Olsen doublée doublée d’une bonne écriture sur la psychologie fragile de cette super-héroïne qui peut refaçonner la réalité. Sam Raimi a bien compris ce personnage et lui offre des scènes où elle apparaît terrifiante et meurtrière (certaines scènes sont stupéfiantes !) ou au contraire très touchante dans son désir d’une réalité qui lui échappe constamment. Face à elle, Doctor Strange n’a pas à rougir de son rôle tant le scénario lui permet d’étoffer différentes facettes de sa personnalité et de nous offrir de spectaculaires scènes d’action où sorcellerie et ambiance horrifique se confondent dans un maelström visuel rehaussé par la magistrale composition gothique et puissante du légendaire Danny Elfman (Edward aux mains d’argent, Batman returns…).
Evidemment, tout n’est pas parfait dans ce film et on peut s’agacer de l’inutilité de certains personnages ou du caractère artificiel de l’ensemble, mais ce serait vraiment regrettable de ne pas saluer cette 2eme tentative (après WandaVision) de proposer une approche relativement différente de l’univers cinématographique Marvel. Sam Raimi était vraiment le bon choix pour illustrer le farouche combat multidimensionnel de deux sorciers convoitant le pouvoir d’une jeune fille qui devrait encore faire parler d’elle… Vivement le 3eme volet !