Anh Be

Tout d'abord les jeux des acteurs sont époustouflants, c'est grâce à ça que l'on est tout de suite pris dans le film. La cruauté du monde, l'enfance et son monde que personne ne peut comprendre. Oui la pression de la réussite scolaire, sociale, reflète un monde que les adultes veulent montrer impitoyable. On ne peut pas en vouloir au père, on ne peut accuser personne, on peut juste se féliciter que les personnes qui sont blessées ou abîmées ont leur courage d'en sauver d'autres, malgré la souffrance. Ce film exorcise aussi le chagrin de la fraternité perdue, je me suis reconnu dans ce sentiment qu'un frère mort jeune ne connait pas la vie d'adulte qui l'attendait, et que les vivants qui restent ont presque le devoir de vivre 2 fois pour lui. Un film qui en parle d'une façon si délicate que cela atténue cette solitude de l'avoir pensé tout seul de son côté. Préparez vos mouchoirs, et soyez heureux après les pleurs d'un tel bonheur de vérité !

Pourquoi c'est un film bien bâti et flippant ? Oui on a tous les mêmes références sur les films de possession, avec le démon, les séances d'exorcisme etc, on est aguerri. OR c'est sous l'angle d'une famille qui est au bord du burnout, la misère d'une vie de mère monoparentale croulant sous les dettes et n'ayant elle même pas réglé un viol étant enfant, que le film aborde la famille fissurée, fragile et... propice à attirer le Malin : dans ce lieu avait déjà eu lieu un massacre atroce d'une famille sous l'emprise du Malin. Beaucoup disent que le Malin n'existe pas, que la possession est une maladie mentale, le film va prouver le contraire par la solidité des caractères de la mère, des adolescents et de la grande mère Glenn Glose, qui n'aurait jamais accepté l'existence des démons ; de plus la mère ne croyant plus à Dieu, à aucune aide possible, à aucun apport surnaturel car elle est noyé jusqu'au cou des problèmes concrets de la vie, factures impayées, saisie de ses enfants etc. Bref la mère ici c'est le caractère le plus rationnel qui soit, joué parfaitement par une Andra Day totalement enrôlé (parfois on croirait Rihanna). Deuxième on découvre qu'il y a une seconde option à l'exorcisme, c'est la délivrance, acte déjà pratiqué dans les communautés chrétiennes, comme les évangélistes, pour refouler les diables et démons qui ont pris possession de personnes. Donc on sort du cliché habituel de ramener un prêtre, de prouver au Vatican la possession, ensuite de pratiquer l'exorcisme etc, c'est fini. Le scénario amène très logiquement une prêtre qui garde un œil sur cette maison qui avait déjà tué une famille. Le petit plus qui nous ramène à la réalité c'est la manière d'être pragmatique de la communauté noire, c'est les encadrements sociaux dans le film (protection sociale de l'enfance, les hôpitaux, l'école, la police) : on est bien ancré dans le réel, et pas dans le délire. Glenn Glose, apparition d'abord improbable, mère blanche, visage lisse de robot, beauté sexy surmaquillée etc prend sa part importante dans le film au fur et à mesure, elle ose ensuite s'enlaidir en étant chauve car en chimio, comme elle a repris la voie spirituelle à cause de la maladie, elle va comprendre que la maison est habitée par le Diable et va la première à mettre les défenses en place, pendant que sa fille la croit complètement barjo, pendant que les enfants, victimes d'actes malveillants du Diable, se taisent face à leur mère autoritaire. Tout ce beau monde joue extraordinairement bien dans le film, on s'accroche très vite au film : première scène d'horreur, pas non plus avec plein d'effets spéciaux, c'est le plus jeune, son visage poupin prenant un masque démoniaque dans la pénombre, laisse des frissons incroyables. Les signes démoniaques par la suite sont très bien faits, on n'en a pas plein et on en n'attend pas plus. Bref n'écoutez pas celleux qui n'ont pas réellement vu le film mais se sont faits un film dans leurs têtes, cela fait bien longtemps qu'on n'a pas eu un film aussi bon sur la possession démoniaque et pensé que les faits sont vrais et réels donnent vraiment la chaire de poule et envie de mettre des croix partout dans la maison (en fer car en bois le diable les brûle).

Comme toute sa production depuis un certain temps, sans surprise : nul. Mais comment trouve-t-il le financement alors que son aura ne brille plus ? Il fait tourner sa fille, ben c'est un cadeau qui ne fait pas plaisir aux yeux tellement elle est nulle. Le scénario est ahurissant d'incohérences et de bêtises, et le mec il s'en sort toujours, même à la fin du film avec un rayon de vélo il s'échappe du blindé, grand n'importe quoi. Bref, télécharger le, voyez en accéléré, n'allez pas au cinoche pour ça. PS : faut distribuer les films d'horreur coréens ou indonésiens ou indiens qui cartonnent en ce moment dans leurs pays, et qui sont très bons, parce que là, le cinéma americanisé c'est le grand abysse.

Le nouveau royaume n'est pas celui qu'on croit, il faut attendre jusqu'à la fin pour voir dévoiler la possibilité d'une suite. C'est à la fois une nouvelle version de l'histoire, une suite et le début d'une continuation possible. C'est vraiment comme une narration, prenant son temps au tout début, donc on pourrait trouver le démarrage un peu longuet. Mais l'histoire s'enchaîne ensuite avec les rencontres et les twists qui vont vers un final magnifique, les effets spéciaux sont époustouflants. Pour les connaisseurs de tous les films sur la planète des singes, les références vont vite sauté aux yeux, jusqu'à la musique superbe inoubliable. Un moment j'ai eu un déclic vers les films Avatar tellement les décors sont sublimes. Les singes articulent mieux, très réalistes, leur humanisation est impressionnante dans le film. De belles surprises, tous les rôles sont marquants. Et puis l'histoire, les conflits, l'enjeu, le dilemme, on reste dans un flou qui permet les retournements de situations possibles. Très bon film à la manière classique, non marvelisée, mais avec un travail minutieux technologique qui transparaît immédiatement. Une suite est évidente, très shakespearien même, et si c'est le même réalisateur et les mêmes scénaristes, je la veux avec impatience. PS tout à la fin du générique : belle surprise par ce petit grognement de singe qui appelle un personnage...

Dev Patel Rising, mais quel talent pour être devant et derrière la caméra, c'est lui qui porte tout le film. C'est beaucoup mieux que John Wick même si, en effet, on y pense beaucoup en regardant ce cinéma : les combats sont chorégraphiés à vous couper le souffle. L'autre référence c'est les films de Bruce Lee, surtout on y repense que Monkey Man doit battre un catcheur plus géant que lui dans le ring. L'ambiance de vices s'oppose à la terre originelle verte, Richesses Drogues Castes élevées contre les bidonvilles de l'Inde et les exclues de la société comme les Hijira (bravo pour le lien genré du panthéon des dieux et déesses), les clins d'œil politiques d'aujourd'hui, cette Inde qui est au bord de l'explosion. Il était temps qu'avec Bollywood, Dev Patel réussisse à faire un mariage concluant et équilibré avec le style Hollywoodien, véritable génie du mouvement de caméra et du rythme. La musique indienne est aussi toute entière dans le film pour spécifier la marche vers la confrontation, la cadence des combats. Le final nous laisse sans voix, totalement scotché à l'écran, ses surprenantes Hijira Amazones mettent vraiment l'ambiance. John Wick s'est un peu perdu dans les suites, mais une nouvelle mythologie est né ici et sa référence directe à Hanunan et au Ramayana donne un chef-d'œuvre total digne de l'oppression, de la vengeance, de la quête, et du but. Beaucoup de violence pure, attention aux âmes sensibles, mais c'est totalement un MUST SEE!

Vu en IMAX 3D, donc c'est même pas la peine de dire que c'est nul ou de se prendre la tête sur la cohérence scénaristique, j'étais comme un grand gamin devant l'armada technologique de l'IMAX 3D mettant en avant les incroyables effets spéciaux des créatures et les mondes superbes du film. J'ai été happé par le film dès le début, dès les premières images, sans aucun moment de répit. C'était juste hyper magique pour le gamin que j'étais redevenu, embarqué dans des mondes fantastiques et voyageant en Italie (Rome, le Colisée...) et Égypte (Pyramides, Sphinx..). J'avoue que l'histoire n'a aucune dimension réelle comme les précédentes, réelle dans le sens réalistique, une histoire qui se tient, mais on est en même temps dans l'application des théories scénaristiques développées à une époque par Georges Lucas, après sa lecture du livre ''L'homme aux mille visages'' qui fait des démonstrations de mythologies modernes, que le cinéma peut s'emparer. Juste se libérer de notre réalité et se laisser embarquer dans le récit d'un conte pour grands enfants, il était une fois une petite fille Iwi, la dernière de sa tribu, qui faisait des rêves cauchemardesques sur des monstres surdimensionnés....

Curieux d'aller voir ce film phénomène en Corée du Sud qui détrône Dune 2, c'est juste in-cro-ya-ble! Et il s'aligne tout à fait sur l'autre phénomène jamais détrôné : L'exorciste de William Friedkin. Le film s'installe tout doucement de la même façon, avant que l'horreur arrive en crescendo, que l'on commence à entrer dans le folklore coréen des chamans et de la géomancie, à intégrer cette culture possible dans nos clichés d'occidentaux et à comprendre la peur horrifique à la manière des Coréens. On part sur un désenvoutement très douteux mais sérieux puisqu'une famille très riche coréenne qui a migré aux States fait venir deux shamans direct de la Corée pour calmer les pleurs d'un nouveau né. Cela nécessite l'exhumation du grand-père au pays selon un rituel rigoureux. Les shamans font alors appel à un grand maître géomancien qui a l'habitude de ce genre d'exhumation, qui est une cérémonie grave et verrouillée pour qu'aucune colère du mort revienne a anéantir les descendants. Or la tombe hors norme, anonyme, situé en montagne, au confluent du Nord -Sud du pays, où rôdent des renards, animaux maléfiques, ne garantit rien de bon. Notre géomancien sent qu'il ne peut pas faire la cérémonie, sous peine de maudire la famille. Mais la famille insiste pour sauver le nouveau né. Or tous les secrets de famille n'ont pas été dits, et l'exhumation du grand-père va effectivement réveiller sa colère et mettre en danger ses membres. Mais ce n'est que la surface de l'iceberg, qui cache une horreur bien plus grande. En effet un cercueil géant, enterré verticalement, est caché sous celui du grand-père, avec assez de signes et de protections pour avertir de ne pas l'ouvrir. Les shamans et géomancien décident juste de finir la cérémonie d'exhumation pour ne pas compromettre la famille, mais vont devoir avoir affaire à une identité incroyablement puissante et maîtrisant aussi la géomancie et le fengshui, la possession et les rituels, qui connait tous leurs tours. L'arrivée de cette identité va vous glacer le sang par son aspect physique. On entre sitôt dans un univers de colère et de possession dont l'intensité va scotcher le spectateur jusqu'au bout. Derrière ce film c'est toute l'histoire de la Corée non apaisée qui met en avant les secrets et les souffrances d'un pays qui n'arrive pas à pardonner et à rejeter toute culpabilité. Les jeux d'acteurs sont sublimes pour rendre crédible l'univers d'horreur du film, on y entre sans une once de doute. La photographie est sombre mais magnifique, la musique et le sons participent pleinement à mettre en place cette puissance maléfique dans la réalité et à nous embarquer in situ dans ce rituel d'exhumation maudit.

Le Wow, je l'ai donné pour le 1. Ne connaissant ni le Dune de Lynch ni l'univers de Dune book en général, j'ai tout de suite adoré cette histoire de famille, de féodalité, d'enjeux divers avec des mysticismes surprenants. Villeneuve a narré un conte prenant et esthétique inégalé. Pour Dune 2, on reste fidèle à cet univers, sa couleur, ses éléments avec encore plus de moyens et de conflits d'intérêts en y mettant des liens de sang digne des sagas mythologiques grecques, on est dans la continuité, avec plus de profondeurs encore. On sonde dans l'inconscient magique et la psychologie d'hésitation. Il y a 20 ans, G.Messadié s'était posé la même question sur la psychologie d'un autre messie : Jésus. Aujourd'hui on a la démocratisation de cette analyse dans un blockbuster américain, à l'esthétique subtile et contemporaine, en saupoudrant d'un manichéisme structurant : pour diriger, ne faut-il pas être un tantinet tyran ? Pour rallier, une petite dictature n'est-elle pas la vraie solution ? Le bain de sang, on le veut, tout le long du film, après ce bain d'eau qui défie le désert et la vie, l'eau accumulée dans ce désert fait peur quand on sait son origine. Ce bain de sang arrive donc vers la fin du film, et c'est génial pour annoncer la suite, Dune 3, qui sera son dernier nous dit le metteur en scène Villeneuve, qui sera l'apothéose des liens de sang, du sang, de l'eau et de la dictature. Courez vite le voir avant la guerre Russie - OTAN!

Dommage. Il ne suffit pas d'avoir le budget, faut aussi le talent. Le casting n'est pas charismatique malgré les présences de quelques grandes pompes. Mais ça ne suffit pas. Très fake au final. Big dommage.